05/12/2013

Forum d'Abidjan : Le continent mise sur la coopération Sud-Sud

Après Ouagadougou en 2011, Dakar en 2012, Abidjan a accueilli du 21 au
23 novembre, la 3ème  édition du Forum de haut niveau sur l’eau et
l’assainissement. L’évènement a souhaité valoriser la coopération
Sud-Sud, la capitalisation des bonnes pratiques et à la mutualisation
des moyens.

300 millions d’Africains n'ont pas accès à des services d'eau potable
améliorés et 640 millions ne disposent pas d'un assainissement adéquat,
en dépit de lourds investissements des bailleurs, des partenaires et des
gouvernements. L’édition 2013 du forum a été placée sous le thème de la
"Promotion de la coopération vivante et efficace entre les pays du Sud
pour accélérer l'accès à l'hygiène, l'assainissement et l'eau pour tous
en Afrique". L'axe d'une coopération Sud-Sud n'est pas fortuit ; "il a
apporté des résultats escomptés au cours de ces dernières années. La
coopération Sud-Sud continue d'être le moteur d'échanges et de flux
financiers soutenus dans le contexte actuel de forte instabilité
économique, sociale et politique"
, argumente Idrissa Doucouré,
secrétaire exécutif de l'Agence intergouvernementale panafricaine pour
l'Eau et l'assainissement pour l'Afrique – EAA. Si l'on se réfère aux
données de l'OCDE, la part de cette coopération dans les échanges
mondiaux était de 37 % en 2011. Il y a donc des opportunités à
exploiter, non seulement pour la mobilisation des financements mais
aussi pour l'actualisation des connaissances et pratiques, l'échange
d'expériences, etc. "La présente édition offre cette plateforme afin de permettre les
échanges directs entre les pays du Sud, pour la promotion d'un
partenariat technique et financier et le partage d'expertise et de
compétence mutuellement avantageux dans le secteur de l'hygiène, de
l'assainissement et de l'eau potable (HAEP)"
, a soutenu le responsable lors de la séance inaugurale.

Quelles sont les options pour les pays africains ? "Les défis sont
nombreux. Est-ce qu'il nous faut le captage des eaux souterraines ou des
eaux de pluie ? Et comment concevoir l'architecture de distribution ?"

s'est interrogé le gouverneur du district d'Abidjan, Robert Beugré
Mambé. La directrice régionale de l'USAID, Anne Dix, a réaffirmé
l'engagement à soutenir les efforts des États africains tout en les
invitant à aller vers l'expérimentation des options à portée de main.
Surtout que le chemin qui reste à parcourir est encore long. "Il
reste beaucoup à faire. Nous sommes conscients que nous devons changer
de méthodes d'intervention. Nous devons avoir une conscience africaine.
Il nous faut aller vers des actions concrètes"
, a reconnu le
ministre de la Construction, du Logement, de l'Assainissement et de
l'Urbanisme de la Côte d'Ivoire, Mamadou Sanago.

Les conséquences du déficit en infrastructures de base ont des
répercussions sur les plans économique, sanitaire et social. Selon les
données disponibles, 70 % des lits d'hôpitaux sont occupés par des
personnes souffrant de maladies liées à l'eau et à l'assainissement. "Cette situation limite la valorisation du potentiel humain avec un impact négatif sur la croissance et le développement ",
a souligné le Premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan,
rappelant que le continent regroupera 25 % de la population mondiale en
2050.

Ces trois dernières années, en mobilisant 60 milliards de francs CFA,
l’EAA a permis à 11 millions d'Africains d'avoir accès aux services
d'eau et d'assainissement ; et les moyens de l’agence se sont
considérablement étoffés en 2013, puisque l’EAA a cette année réussi à
mobiliser 550 milliards de francs CFA, a rappelé le président du Conseil
des ministres africains de l’agence EAA, Wassake Boukhary.

Idrissa Sane, Le Soleil (Dakar) – AllAfrica 22-11-2013